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Littérature, philosophie, poésie.

16 avril 2014

Henri Laborit - Éloge de la fuite (extrait 3)

Kaleidoscope

"Nous ne vivons que pour maintenir notre structure biologique, nous sommes programmés depuis l'oeuf fécondé pour cette seule fin, et toute structure vivante n'a pas d'autre raison d'être, que d'être. Mais pour être elle n'a pas d'autres moyens à utiliser que le programme génétique de son espèce. Or, ce programme génétique chez l'Homme aboutit à un système nerveux, instrument de ses rapports avec l'environnement inanimé et animé, instrument de ses rapports sociaux, de ses rapports avec les autres individus de la même espèce peuplant la niche où il va naître et se développer. Dès lors, il se trouvera soumis entièrement à l'organisation de cette dernière. Mais cette niche ne pénétrera et ne se fixera dans son système nerveux que suivant les caractéristiques structurales de celui-ci. Or, ce système nerveux répond d'abord aux nécessités urgentes, qui permettent le maintien de la structure d'ensemble de l'organisme. Ce faisant, il répond à ce que nous appelons les pulsions, le principe de plaisir, la recherche de l'équilibre biologique, encore que la notion d'équilibre soit une notion qui demande à être précisée. Il permet ensuite, du fait de ses possibilités de mémorisation, donc d'apprentissage, de connaître ce qui est favorable ou non à l'expression de ces pulsions, compte tenu du code imposé par la structure sociale qui le gratifie, suivant ses actes, par une promotion hiérarchique. Les motivations pulsionnelles, transformées par le contrôle social qui résulte de l'apprentissage des automatismes socio-culturels, contrôle social qui fournit une expression nouvelle à la gratification, au plaisir, seront enfin à l'origine aussi de la mise en jeu de l'imaginaire. Imaginaire, fonction spécifiquement humaine qui permet à l'Homme contrairement aux autres espèces animales, d'ajouter de l'information, de transformer le monde qui l'entoure. Imaginaire, seul mécanisme de fuite, d'évitement de l'aliénation environnementale, sociologique en particulier, utilisé aussi bien par le drogué, le psychotique, que par le créateur artistique ou scientifique. Imaginaire dont l'antagonisme fonctionnel avec les automatismes et les pulsions, phénomènes inconscients, est sans doute à l'origine du phénomène de conscience."

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15 avril 2014

Théophile Gautier - Consolation

Eternité

Ne sois pas étonné si la foule, ô poète, 
Dédaigne de gravir ton oeuvre jusqu'au faîte ; 
La foule est comme l'eau qui fuit les hauts sommets,
Où le niveau n'est pas, elle ne vient jamais. 
Donc, sans prendre à lui plaire une peine perdue, 
Ne fais pas d'escalier à ta pensée ardue :
Une rampe aux boiteux ne rend pas le pied sûr. 
Que le pic solitaire escalade l'azur,
L'aigle saura l'atteindre avec un seul coup d'aile,
Et posera son pied sur la neige éternelle,
La neige immaculée, au pur reflet d'argent, 
Pour que Dieu, dans son oeuvre allant et voyageant, 
Comprenne que toujours on fréquente les cimes 
Et qu'on monte au sommet des poèmes sublimes.

14 avril 2014

Alphonse de Lamartine - Désir

Mélodie

Ah ! si j'avais des paroles, 
Des images, des symboles, 
Pour peindre ce que je sens ! 
Si ma langue, embarrassée 
Pour révéler ma pensée, 
Pouvait créer des accents !

Loi sainte et mystérieuse ! 
Une âme mélodieuse 
Anime tout l'univers ; 
Chaque être a son harmonie, 
Chaque étoile son génie, 
Chaque élément ses concerts.

Ils n'ont qu'une voix, mais pure, 
Forte comme la nature, 
Sublime comme son Dieu ; 
Et, quoique toujours la même, 
Seigneur, cette voix suprême 
Se fait entendre en tout lieu.

Quand les vents sifflent sur l'onde, 
Quand la mer gémit ou gronde, 
Quand la foudre retentit, 
Tout ignorants que nous sommes, 
Qui de nous, enfants des hommes, 
Demande ce qu'ils ont dit ?

L'un a dit : « Magnificence ! » 
L'autre : « Immensité ! puissance ! » 
L'autre : « Terreur et courroux ! » 
L'un a fui devant sa face, 
L'autre a dit : « Son ombre passe : 
Cieux et terre, taisez-vous ! »

Mais l'homme, ta créature, 
Lui qui comprend la nature, 
Pour parler n'a que des mots, 
Des mots sans vie et sans aile, 
De sa pensée immortelle 
Trop périssables échos !

Son âme est comme l'orage 
Qui gronde dans le nuage 
Et qui ne peut éclater, 
Comme la vague captive 
Qui bat et blanchit sa rive 
Et ne peut la surmonter.

Elle s'use et se consume 
Comme un aiglon dont la plume 
N'aurait pas encor grandi, 
Dont l'œil aspire à sa sphère, 
Et qui rampe sur la terre 
Comme un reptile engourdi.

Ah ! ce qu'aux anges j'envie 
N'est pas l'éternelle vie, 
Ni leur glorieux destin : 
C'est la lyre, c'est l'organe 
Par qui même un cœur profane 
Peut chanter l'hymne sans fin !

Quelque chose en moi soupire, 
Aussi doux que le zéphyr 
Que la nuit laisse exhaler, 
Aussi sublime que l'onde, 
Ou que la foudre qui gronde ; 
Et mon cœur ne peut parler !

Océan, qui sur tes rives 
Épands tes vagues plaintives, 
Rameaux murmurants des bois, 
Foudre dont la nue est pleine, 
Ruisseaux à la molle haleine, 
Ah ! si j'avais votre voix !

Si seulement, ô mon âme, 
Ce Dieu dont l'amour t'enflamme 
Comme le feu, l'aquilon, 
Au zèle ardent qui t'embrase 
Accordait, dans une extase, 
Un mot pour dire son nom !

Son nom, tel que la nature 
Sans parole le murmure, 
Tel que le savent les deux ; 
Ce nom que l'aurore voile, 
Et dont l'étoile à l'étoile 
Est l'écho mélodieux ;

Les ouragans, le tonnerre, 
Les mers, les feux et la terre, 
Se tairaient pour l'écouter ; 
Les airs, ravis de l'entendre, 
S'arrêteraient pour l'apprendre, 
Les deux pour le répéter.

Ce nom seul, redit sans cesse, 
Soulèverait ma tristesse 
Dans ce vallon de douleurs ; 
Et je dirais sans me plaindre : 
« Mon dernier jour peut s'éteindre, 
J'ai dit sa gloire, et je meurs ! »

12 avril 2014

Friedrich von Schiller - À un jeune ami qui était sur le point de se consacrer à la philosophie

Au bout de la nuit

Le jeune Grec avait à soutenir de rudes épreuves avant que le temple d’Éleusis reçût l’initié reconnu digne. Es-tu prêt et mûr pour pénétrer dans le sanctuaire, où Pallas Athéné garde le dangereux trésor ? Sais-tu ce qui t’y attend ? à quel prix tu achètes ? Sais-tu que tu payes un bien incertain d’un bien assuré ? Te sens-tu assez de force pour combattre le plus rude des combats, celui qui s’engage quand l’esprit et le cœur, le sentiment et la pensée se divisent ? Te sens-tu assez de courage pour lutter contre l’hydre immortelle du doute, et pour marcher virilement à l’ennemi, au dedans de toi-même ? pour démasquer, d’un œil sain et d’un cœur saintement innocent, l’erreur qui te tente comme vérité ? Fuis, si tu n’es pas sûr du guide que tu portes dans ton sein, fuis ces bords séduisants, avant que l’abîme t’engloutisse. Bien d’autres ont marché vers la lumière, et n’ont fait que tomber dans une nuit plus profonde ! L’enfance chemine sûrement à la lueur du crépuscule.

Traduit par Adolphe Régnier

12 avril 2014

William Shakespeare - Le Songe d’une nuit d’été (extrait Acte V - Scène I)

Hippolyte
— Cela est étrange, mon cher Thésée, ce que racontent ces amants !

Thésée
— Plus étrange que vrai. Jamais je ne pourrai ajouter foi à ces vieilles fables, ni à ces jeux de féerie. Les amants et les fous ont des cerveaux bouillants, une imagination féconde en fantômes, et qui conçoit au delà de ce que la froide raison peut jamais comprendre. Le fou, l’amoureux et le poëte sont tout imagination. L’un voit plus de démons que l’enfer ne peut en contenir ; c’est le fou ; l’amoureux, non moins extravagant, voit la beauté d’Hélène sur un front égyptien. L’œil du poëte, roulant dans un beau délire, lance son regard du ciel à la terre, et de la terre aux cieux ; et comme l’imagination donne un corps aux objets inconnus, la plume du poëte leur imprime de même des formes, et assigne à un fantôme aérien une demeure et un nom particulier ; tels sont les jeux d’une imagination puissante ; si elle conçoit un sentiment de joie, elle crée aussitôt un être, messager de cette joie : ou si, dans la nuit, elle se forge quelque terreur, avec quelle facilité un buisson devient un ours !

Hippolyte
— Mais toute l’histoire qu’ils ont racontée de ce qui s’est passé cette nuit, leurs idées ainsi transformées, tout cela annonce plus que les illusions de l’imagination, et présente quelque chose de réel, mais de toute façon, d’admirable et d’étrange.

Entrent Lysandre, Démétrius, Hermia et Hélène.

Thésée
— Voici nos amants qui viennent pleins de joie et d’allégresse. — Que le bonheur et de longs jours d’amour accompagnent vos cœurs, aimables amis !

Lysandre
— Que des jours plus beaux encore suivent les pas de Votre Altesse, et éclairent votre table et votre couche !

Thésée
— Allons, quelles mascarades, quelles danses aurons-nous pour consumer sans ennui ce siècle de trois heures, qui doit s’écouler entre le souper et l’heure du lit ? Où est l’ordonnateur habituel de nos fêtes ? Quels divertissements sont préparés ? N’y a-t-il point de comédie, pour soulager les angoisses de cette heure éternelle ? Appelez Philostrate.

Philostrate, s’avançant 
— Me voici, puissant Thésée.

Thésée
 — Dites ; quel passe-temps avez-vous pour cette soirée ? Quelle mascarade ? Quelle musique ? Comment tromperons-nous l’ennui du temps paresseux, si nous n’avons pas quelque plaisir pour nous distraire ?

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10 avril 2014

Baruch Spinoza - Éthique (extrait partie V)

Spinoza

Proposition 42 : La béatitude n’est pas le prix de la vertu, c’est la vertu elle-même, et ce n’est point parce que nous contenons nos mauvaises passions que nous la possédons, c’est parce que nous la possédons que nous sommes capable de contenir nos mauvaises passions.

Démonstration : La béatitude consiste dans l’amour de Dieu (par la Propos. 36, part. 5 et son Schol.), et cet amour naît de la connaissance du troisième genre (par le Coroll. de la Propos. 32, part, 5), et en conséquence (par les Propos. 59 et 3, part. 3), il doit être rapporté à l’âme, en tant qu’elle agit. Cet amour est donc la vertu même (par la Déf. 8, part. 4). Voilà le premier point. De plus, à mesure que l’âme jouit davantage de cet amour divin ou de la béatitude, elle exerce davantage son intelligence (par la Propos. 32, part. 5), c’est-à-dire (par le Coroll. de la Propos. 3, part. 5), elle a plus de puissance sur ses passions, et elle a moins à pâtir des affections mauvaises (par la propos. 38, part. 5) ; d’où il suit que l’âme, dès qu’elle jouit de cet amour divin ou de la béatitude, a le pouvoir de contenir ses mauvaises passions ; et comme la puissance dont l’homme dispose pour cela est tout entière dans l’entendement, il faut conclure que personne ne jouit de la béatitude parce qu’il a contenu ses passions, mais que le pouvoir de contenir ses passions tire son origine de la béatitude elle-même.

Scolie : J'ai épuisé tout ce que je m'étais proposé d'expliquer touchant la puissance de l'âme sur ses passions et la liberté de l'homme. Les principes que j'ai établis font voir clairement l'excellence du sage et sa supériorité sur l'ignorant que l'aveugle passion conduit. Celui-ci, outre qu'il est agité en mille sens divers par les causes extérieures, et ne possède jamais la véritable paix de l'âme, vit dans l'oubli de soi-même, et de Dieu, et de toutes choses ; et pour lui, cesser de pâtir, c'est cesser d'être. Au contraire, l'âme du sage peut à peine être troublée. Possédant par une sorte de nécessité éternelle la conscience de soi-même et de Dieu et des choses, jamais il ne cesse d'être ; et la véritable paix de l'âme, il la possède pour toujours. La voie que j'ai montrée pour atteindre jusque-là paraîtra pénible sans doute, mais il suffit qu'il ne soit pas impossible de la trouver. Et certes, j'avoue qu'un but si rarement atteint doit être bien difficile à poursuivre ; car autrement, comment se pourrait-il faire, si le salut était si près de nous, s'il pouvait être atteint sans un grand labeur, qu'il fût ainsi négligé de tout le monde ? Mais tout ce qui est beau est aussi difficile que rare.

9 avril 2014

Baruch Spinoza - Lettre à Schuller (Lettre LVIII)

Spinoza

"J'appelle libre, quant à moi, une chose qui est et agit par la seule nécessité de sa nature ; contrainte, celle qui est déterminée par une autre à exister et à agir d'une certaine façon déterminée.

Dieu, par exemple, existe librement bien que nécessairement parce qu'il existe par la seule nécessité de sa nature. De même aussi Dieu se connaît lui-même librement parce qu'il existe par la seule nécessité de sa nature. De même aussi Dieu se connaît lui-même et connaît toutes choses librement, parce qu'il suit de la seule nécessité de sa nature que Dieu connaisse toutes choses. Vous le voyez bien, je ne fais pas consister la liberté dans un libre décret mais dans une libre nécessité.

Mais descendons aux choses créées qui sont toutes déterminées par des causes extérieures à exister et à agir d'une certaine façon déterminée. Pour rendre cela clair et intelligible, concevons une chose très simple : une pierre par exemple reçoit d'une cause extérieure qui la pousse, une certaine quantité de mouvements et, l'impulsion de la cause extérieure venant à cesser, elle continuera à se mouvoir nécessairement. Cette persistance de la pierre dans le mouvement est une contrainte, non parce qu'elle est nécessaire, mais parce qu'elle doit être définie par l'impulsion d'une cause extérieure. Et ce qui est vrai de la pierre il faut l'entendre de toute chose singulière, quelle que soit la complexité qu'il vous plaise de lui attribuer, si nombreuses que puissent être ses aptitudes, parce que toute chose singulière est nécessairement déterminée par une cause extérieure à exister et à agir d'une certaine manière déterminée.

Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu'elle continue de se mouvoir, pense et sache qu'elle fait effort, autant qu'elle peut, pour se mouvoir. Cette pierre assurément, puisqu'elle a conscience de son effort seulement et qu'elle n'est en aucune façon indifférente, croira qu'elle est très libre et qu'elle ne persévère dans son mouvement que parce qu'elle le veut.

Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommes ont conscience de leurs appétits et ignorent les causes qui les déterminent. Un enfant croit librement appéter le lait, un jeune garçon irrité vouloir se venger et, s'il est poltron, vouloir fuir. Un ivrogne croit dire par un libre décret de son âme ce qu'ensuite, revenu à la sobriété, il aurait voulu taire. De même un délirant, un bavard, et bien d'autres de même farine, croient agir par un libre décret de l'âme et non se laisser contraindre."

8 avril 2014

Nick Cave / Bruno Coulais - To Be By Your Side

À travers les océans, à travers les mers, au-dessus des forêts d'arbres noircis,
Par des vallées si calmes que l’on n’ose respirer, pour être à tes côtés,
Par dessus la plaine désertique qui défile, à travers des montagnes toutes en flammes,
Par le hurlement des vents et le déchaînement des pluies, pour être à tes côtés.

Chaque mille et chaque année pour chacun une larme.
Je ne peux pas expliquer ceci, cher, je n'essayerai même pas.

Dans la nuit, tandis que les étoilent s'entrechoquent,
A travers les frontières que divisent des forêts de pierres pétrifiées,
Pour être à tes côtés.

Chaque mille et chaque année, pour chacun une simple larme.
Je ne peux pas expliquer ceci, cher, je n'essayerai même pas.

Parce que je sais une chose, l’amour vient en volant.
Pour le soir je serai à tes côtés, mais demain je volerai.

De l'océan le plus profond à la crête la plus élevée, par les frontières de ton sommeil.
Dans la vallée où l'on n'ose parler, pour être à tes côtés.

À travers la région sauvage sans fin où toutes les bêtes inclinent leurs têtes vers le bas.
Cher, je ne me reposerai jamais jusqu'à ce que je sois à tes côtés.

Chaque mille et chaque année, temps et distance disparaissent,
Je ne peux pas expliquer ceci, cher, non, je n'essayerai même pas.

Parce que je sais une chose, l’amour vient en volant et ce soir je serai à tes côtés.
Mais demain je volerai loin, l’amour se lève avec le jour et ce soir je pourrais être à tes côtés.
Mais demain je volerai, demain je volerai, demain je volerai.

Nick_Cave

7 avril 2014

Barbara - Le Minotaure

Dans le grand labyrinthe où je cherchais ma vie,
Volant de feu en flamme comme un grand oiseau ivre,
Parmi les dieux déchus et les pauvres amis,
J´ai cherché le vertige en apprenant à vivre.

J´ai cheminé souvent, les genoux sur la terre,
Le regard égaré, embrouillé par les larmes,
Souvent par lassitude, quelquefois par prière,
Comme un enfant malade, envoûté par un charme.

Dans le grand labyrinthe, allant de salle en salle,
De saison en saison, et de guerre en aubade,
J´ai fait cent fois mon lit, j´ai fait cent fois mes malles,
J´ai fait cent fois la valse, et cent fois la chamade.

Je cheminais toujours, les genoux sur la terre,
Le regard égaré, embrouillé par les larmes,
Souvent par lassitude, quelquefois par prière,
Comme un enfant rebelle qui dépose les armes.

Mais un matin tranquille, j´ai vu le minotaure
Qui me jette un regard comme l´on jette un sort.

Dans le grand labyrinthe où il cherchait sa vie,
Volant de feu en flamme, comme un grand oiseau ivre,
Parmi les dieux déchus et les pauvres amis,
Il cherchait le vertige en apprenant à vivre.

Il avait cheminé, les genoux sur la terre,
Le regard égaré, embrouillé par les larmes,
Souvent par lassitude, quelquefois par prière,
Comme un enfant rebelle qui dépose les armes.

Dans le grand labyrinthe, de soleil en soleil,
De printemps en printemps, de caresse en aubaine,
Il a refait mon lit pour de nouveaux sommeils,
Il a rendu mes rires et mes rêves de reine.

Dans le grand labyrinthe, de soleil en soleil,
Volant dans la lumière, comme deux oiseaux ivres,
Parmi les nouveaux dieux et les nouveaux amis,
On a mêlé nos vies et réappris à vivre...

barbara

7 avril 2014

Anatole France - Le jardin d'Epicure (extrait 3)

Anatole_France_par_Stenlein

L’ignorance est la condition nécessaire, je ne dis pas du bonheur, mais de l’existence même. Si nous savions tout, nous ne pourrions pas supporter la vie une heure. Les sentiments qui nous la rendent ou douce, ou du moins tolérable, naissent d’un mensonge et se nourrissent d’illusions.

Si possédant, comme Dieu, la vérité, l’unique vérité, un homme la laissait tomber de ses mains, le monde en serait anéanti sur le coup et l’univers se dissiperait aussitôt comme une ombre. La vérité divine, ainsi qu’un jugement dernier, le réduirait en poudre.

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