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Littérature, philosophie, poésie.
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7 mars 2014

Victor Hugo - L'âne (extrait)

AneConduite de l'homme vis-à-vis des enfants


Et l’âne s’écria: - Pauvres fous! Dieu vous livre
L’enfant, du paradis des anges encore ivre;
Vite, vous m’empoignez ce marmot radieux,
Ayant trop de clarté, trop d’oreilles, trop d’yeux,
Et vous me le fourrez dans un ténébreux cloître;
On lui colle un gros livre au menton comme un goître;
Et vingt noirs grimauds font dégringoler des cieux,
Ô douleur! ce charmant petit esprit joyeux;
On le tire, on le tord, on l’allonge, on le tanne,
Tantôt en uniforme, et tantôt en soutane;
Un beau jour Trissotin l’examine, un préfet
Le couronne; et c’est dit: un imbécile est fait.
Glycère et Jeanneton, ces deux filles célestes,
Qui courent dans Virgile et Ronsard, sont moins lestes,
Quand Sylvain les poursuit, le fauve jouvenceau,
À trousser leur jupon pour passer un ruisseau,
Un singe est moins agile à gober une pêche,
Les baleiniers, armant leurs pirogues de pêche,
Sont moins prompts à lancer leur barque au flot mouvant
Dès que d’un squale en marche ils entendent l’évent,
En frappant dans ses mains Bonaparte a moins vite
Chassé l’aigle tudesque et l’aigle moscovite
Qu’un pédant n’est rapide à défaire un esprit.
Oh! que de fois, depuis qu’hélas! on m’entreprit,
J’ai vu l’abrutisseur en chef, le grand pontife
Qui, lugubre, a le plus de crasse dans sa griffe,
Dans l’antre où se tenaient nos régents, nos dragons
Les plus chauves, les plus goutteux, les plus bougons,
Entrer, tenant par l’aile ou la patte sanglante
Une pauvre petite âme toute tremblante,
Et dire, en la jetant aux vieux: Plumez-moi ça!
Je me souviens des cris que plus d’une poussa
Pendant que son plumage auroral, son enfance,
Sa blancheur, sa candeur, sa gaîté sans défense,
Sous les vils ongles noirs d’un rustre aux yeux éteints,
Tombaient, duvet charmant, et que les sacristains
Heureux de voir l’oiseau tout nu dans leurs mains dures
Balayaient ces splendeurs des cieux au tas d’ordures!
L’aile pourtant n’est point arrachée au moignon;
Elle repousse grise et faite au cabanon;
L’enfant vit; nul ne peut dire: Cette âme est morte;
L’âme prend la couleur du verrou de la porte,
Voilà tout, et son œil clignote; et maintenant,
Avec un encrier au croupion, traînant
Bréviaires, gradus, glossaires, cent volumes,
Toute la cuistrerie engluée à tes plumes,
Vole donc, alouette, au fond du libre azur!
La sacristie, hélas! fait un deleatur
Du mystérieux D qui sert de majuscule
Au mot DIEU flamboyant dans notre crépuscule;
Elle éteint dans les fronts les rayons libéraux.
Vous mutilez des coeurs, ah, niais! ah, bourreaux!
Et vous raccourcissez des âmes! et vous êtes
Dans l’auguste forêt d’horribles ciseaux bêtes!
Vous tondez les instincts, vous rognez les cerveaux;
Sur le patron des vieux vous taillez les nouveaux;
De la création vous troublez l’équilibre;
Ignorant que tout être est fait pour croître libre,
Pour donner telle fleur et vivre en tel milieu,
Que toute âme a sa forme intime devant Dieu,
Et que toute nature a droit à sa broussaille,
Vous tronquez des talents, de même qu’à Versaille,
Ô brutes, vous changez en pains de sucre verts
Le cèdre et le cyprès, géants d’ombre couverts,
Sans même voir, parmi vos bronzes et vos marbres,
L’humiliation de tous ces pauvres arbres,
L’ennui de l’oranger fait pomme, et le chagrin
Des ifs taillés en cône autour du boulingrin.
Pédagogues! toujours c’est ainsi que vous faites.
Tout l’esprit humain doit se mouler sur vos têtes;
Pégase doit brouter dans votre basse-cour,
L’aile morte, et manger de votre foin. Le jour
Où, de votre perruque arrangeant les volutes,
Fiers, perchés sur Zoïle et Batteux, vous voulûtes
Définir le génie, expliquer la beauté,
Les mauvais estomacs ont dit: Sobriété;
Les myopes ont dit: Soyons ternes; la clique
Des précepteurs, geignant d’un air mélancolique,
A décrété: Le beau, c’est un mur droit et nu.
Donc Rubens est trop rouge et Puget trop charnu;
L’art est maigre; Vénus serait plus belle, étique.
Shakspeare, ce satan de votre art poétique,
Prodigue image, idée et vie à chaque pas;
La nature, imitant Shakspeare, ne voit pas
Sur une vieille pierre une place vacante
Sans la donner à l’herbe ou l’offrir à l’acanthe;
Le lierre énorme où l’art mystérieux se plaît
Emplit Heidelberg comme il emplit Hamlet;
Vous coupez cette ronce auguste qui soupire;
Vous tombez à grands coups de serpe sur Shakspeare,
Marauds, et vous frappez, jusqu’à n’en laisser rien,
Sur le grand chêne où flotte un hymne aérien.
À qui donc croyez-vous persuader, ô cuistres,
Que le beau, que le vrai vous ont pris pour ministres,
Et qu’Horace va dire: Hic lucidus ordo,
Parce que vous tirez des crétins au cordeau!
N’est-il pas odieux, ô Jean-Jacque, ô Molière,
Ô d’Aubigné, du droit puissant auxiliaire,
Qui disais en voyant un roi: Qu’est-ce que c’est?
Montaigne, mon bon Michel que son père faisait
Éveiller le matin au son de la musique,
Diderot qui raillais tout le vieil art phtisique,
Ô libre Hoffmann, planant dans les rêves fougueux,
N’est-il pas désolant, dites, de voir ces gueux,
Tatoués de latin, de grec, d’hébreu, ces cancres
Dont l’âme prend un bain dans la noirceur des encres,
Exécuter l’enfance en leurs blêmes couvents!
Ne sont-ils pas hideux, ces faux docteurs, savants
À donner au progrès une incurable entorse,
Commençant par l’ennui pour finir par la force,
Du bâillement allant volontiers au bâillon,
Logiques, de Boileau concluant Trestaillon,
Vantant Bonald, couvrant de béates exergues
Piet, Cornet d’Incourt et Clausel de Coussergues,
Tâchant d’éteindre au fond des bleus éthers!
N’est-il pas monstrueux de voir ces magisters,
Casernés dans l’horreur de leur Isis occulte,
Poser sur l’avenir qui s’envole en tumulte
Avec l’emportement d’Achille et de Roland,
Ayant dans l’oeil l’éclair de Vasco s’en allant
Ou de Jason partant pour la plage colchique,
Leur bâton de sergent instructeur monarchique,
Et crier aux esprits: À droite! alignement!
Écolâtres, au fond de votre enseignement
Est Rome, enfermant l’âme en sa funèbre enceinte;
Vous êtes les prévôts de la science sainte
D’où jaillissant Newton et Watt, les caporaux
De l’art divin qui vit vibrer Sienne et Paros;
Le vil marais vous charme et votre oeil le préfère;
Vous feriez un étang, si l’on vous laissait faire,
De l’océan tordant ses flots sur les galets;
En forgeant des pédants, vous créez des valets;
En faisant le front bas vous faites l’âme basse;
Qu’un de vos patients chuchote dans la classe,
Qu’il ose relever son museau d’écolier,
Et se gratter un peu le cou sous son collier,
Ô révolution! anarchie! il vous semble
Que l’alphabet lui-même entre vos pattes tremble,
Que l’F et que le B vont se prendre le bec,
Que l’O tourne sa roue aux cornes de l’Y,
Horreur! et qu’on va voir le point, bille fatale,
Tomber enfin sur l’I, ce bilboquet tantale!
Votre système est vain, votre empirisme est faux.
Ayez donc la charrue avant d’avoir la faux.
Çà, vous figurez-vous, parlons net, camarades,
Qu’on est un vrai docteur pour avoir pris ses grades,
Et qu’on sait quelque chose en sortant de chez vous?
Que la grande nature, aux bruits vastes et doux,
Belle, n’enseigne rien à l’esprit qu’elle élève;
Et qu’Adam, ébloui de l’éden, épris d’Ève,
Attendait, pour que Dieu tout à fait le créât,
Qu’Iblis lui fît passer le baccalauréat?
Non, la nature au fond pourrait suffire seule;
Elle sait tout, elle est nourrice, étant aïeule!
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5 mars 2014

Paul Verlaine - Chanson d'automne

Automne

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

2 mars 2014

René Char - Commune présence

Présence

Tu es pressé d'écrire 
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux, de rébellion, de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir,
Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d'elle, tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t'inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.

Essaime la poussière.
Nul ne décèlera votre union.

26 février 2014

René Char - La postérité du soleil (Préface)

Entre la mort et la beauté

De moment en moment

"Pourquoi ce chemin plutôt que cet autre ? Où mène-t-il pour nous solliciter si fort ? Quels arbres et quels amis sont vivants derrière l'horizon de ses pierres, dans le lointain miracle de la chaleur ? Nous sommes venus jusqu'ici car là où nous étions ce n'était plus possible. On nous tourmentait et on allait nous asservir. Le monde, de nos jours, est hostile aux Transparents. Une fois de plus il a fallu partir... Et ce chemin, qui ressemblait à un long squelette, nous a conduits à un pays qui n'avait que son souffle pour escalader l'avenir. Comment montrer, sans les trahir, les choses simples dessinées entre le crépuscule et le ciel ? Par la vertu de la vie obstinée, dans la boucle du Temps artiste, entre la mort et la beauté."

25 février 2014

Charles Baudelaire - Au lecteur

Trouble

La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps, 
Et nous alimentons nos aimables remords, 
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.

Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches; 
Nous nous faisons payer grassement nos aveux, 
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux, 
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.

Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste 
Qui berce longuement notre esprit enchanté, 
Et le riche métal de notre volonté 
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.

C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent! 
Aux objets répugnants nous trouvons des appas; 
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas, 
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.

Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange 
Le sein martyrisé d'une antique catin, 
Nous volons au passage un plaisir clandestin 
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.

Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes, 
Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons, 
Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons, 
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.

Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie, 
N'ont pas encore brodé de leurs plaisants dessins 
Le canevas banal de nos piteux destins 
C'est que notre âme, hélas! n'est pas assez hardie.

Mais parmi les chacals, les panthères, les lices, 
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents, 
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants, 
Dans la ménagerie infâme de nos vices,

Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde ! 
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris, 
Il ferait volontiers de la terre un débris 
Et dans un bâillement avalerait le monde;

C'est l'Ennui!- l'œil chargé d'un pleur involontaire, 
Il rêve d'échafauds en fumant son houka. 
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat, 
- Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère !

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22 février 2014

Arthur Rimbaud - Sensation

Sensation

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, heureux comme avec une femme

20 février 2014

Gérard de Nerval - Le ballet des heures

L'instant

Les heures sont des fleurs l’une après l’autre écloses
Dans l’éternel hymen de la nuit et du jour;
Il faut donc les cueillir comme on cueille les roses
Et ne les donner qu’à l’amour.

Ainsi que de l’éclair, rien ne reste de l’heure,
Qu’au néant destructeur le temps vient de donner;
Dans son rapide vol embrassez la meilleure,
Toujours celle qui va sonner.

Et retenez-la bien au gré de votre envie,
Comme le seul instant que votre âme rêva;
Comme si le bonheur de la plus longue vie
Était dans l’heure qui s’en va.

Vous trouverez toujours, depuis l’heure première
Jusqu’à l’heure de nuit qui parle douze fois,
Les vignes, sur les monts, inondés de lumière,
Les myrtes à l’ombre des bois.

Aimez, buvez, le reste est plein de choses vaines;
Le vin, ce sang nouveau, sur la lèvre versé,
Rajeunit l’autre sang qui vieillit dans vos veines
Et donne l’oubli du passé.

Que l’heure de l’amour d’une autre soit suivie,
Savourez le regard qui vient de la beauté;
Être seul, c’est la mort ! Être deux, c’est la vie !
L’amour c’est l’immortalité !

15 février 2014

Paul Valéry - L’Abeille

L'Abeille

Quelle, et si fine, et si mortelle,
Que soit ta pointe, blonde abeille,
Je n’ai, sur ma tendre corbeille,
Jeté qu’un songe de dentelle.

Pique du sein la gourde belle,
Sur qui l’Amour meurt ou sommeille,
Qu’un peu de moi-même vermeille,
Vienne à la chair ronde et rebelle !

J’ai grand besoin d’un prompt tourment :
Un mal vif et bien terminé
Vaut mieux qu’un supplice dormant !

Soit donc mon sens illuminé
Par cette infime alerte d’or
Sans qui l’Amour meurt ou s’endort !

14 février 2014

Paul Eluard - La courbe de tes yeux

Regard

La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources de couleur,

Parfums éclos d’une couvée d’aurores,
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l’innocence,
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.

10 février 2014

Louise-Victorine Ackermann - Le nuage

Ciel d'une soirée d'étéI change, but I cannot die.
Shelley, the Cloud

Levez les yeux ! C’est moi qui passe sur vos têtes,
Diaphane et léger, libre dans le ciel pur ;
L’aile ouverte, attendant le souffle des tempêtes,
Je plonge et nage en plein azur.

Comme un mirage errant, je flotte et je voyage.
Coloré par l’aurore et le soir tour à tour,
Miroir aérien, je reflète au passage
Les sourires changeants du jour.

Le soleil me rencontre au bout de sa carrière
Couché sur l’horizon dont j’enflamme le bord ;
Dans mes flancs transparents le roi de la lumière
Lance en fuyant ses flèches d’or.

Quand la lune, écartant son cortège d’étoiles,
Jette un regard pensif sur le monde endormi,
Devant son front glacé je fais courir mes voiles,
Ou je les soulève à demi.

On croirait voir au loin une flotte qui sombre,
Quand, d’un bond furieux fendant l’air ébranlé,
L’ouragan sur ma proue inaccessible et sombre
S’assied comme un pilote ailé.

Dans les champs de l’éther je livre des batailles ;
La ruine et la mort ne sont pour moi qu’un jeu.
Je me charge de grêle, et porte en mes entrailles
La foudre et ses hydres de feu.

Sur le sol altéré je m’épanche en ondées.
La terre rit ; je tiens sa vie entre mes mains.
C’est moi qui gonfle, au sein des terres fécondées,
L’épi qui nourrit les humains.

Où j’ai passé, soudain tout verdit, tout pullule ;
Le sillon que j’enivre enfante avec ardeur.
Je suis onde et je cours, je suis sève et circule,
Caché dans la source ou la fleur.

Un fleuve me recueille, il m’emporte, et je coule
Comme une veine au cœur des continents profonds.
Sur les longs pays plats ma nappe se déroule,
Ou s’engouffre à travers les monts.

Rien ne m’arrête plus ; dans mon élan rapide
J’obéis au courant, par le désir poussé,
Et je vole à mon but comme un grand trait liquide
Qu’un bras invisible a lancé.

Océan, ô mon père ! Ouvre ton sein, j’arrive !
Tes flots tumultueux m’ont déjà répondu ;
Ils accourent ; mon onde a reculé, craintive,
Devant leur accueil éperdu.

En ton lit mugissant ton amour nous rassemble.
Autour des noirs écueils ou sur le sable fin
Nous allons, confondus, recommencer ensemble
Nos fureurs et nos jeux sans fin.

Mais le soleil, baissant vers toi son œil splendide,
M’a découvert bientôt dans tes gouffres amers.
Son rayon tout puissant baise mon front limpide :
J’ai repris le chemin des airs !

Ainsi, jamais d’arrêt. L’immortelle matière
Un seul instant encor n’a pu se reposer.
La Nature ne fait, patiente ouvrière,
Que dissoudre et recomposer.

Tout se métamorphose entre ses mains actives ;
Partout le mouvement incessant et divers,
Dans le cercle éternel des formes fugitives,
Agitant l’immense univers.

Photo réalisée par Keywest : http://hobby29.canalblog.com/

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