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Littérature, philosophie, poésie.
poesie
16 novembre 2015

Louise-Victorine Ackermann - Adieu à la poésie

SeuleMes pleurs sont à moi, nul au monde
Ne les a comptés ni reçus ;
Pas un œil étranger qui sonde
Les désespoirs que j’ai conçus.

L’être qui souffre est un mystère
Parmi ses frères ici-bas ;
Il faut qu’il aille solitaire
S’asseoir aux portes du trépas.

J’irai seule et brisant ma lyre,
Souffrant mes maux sans les chanter ;
Car je sentirais à les dire
Plus de douleur qu’à les porter.

 

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6 novembre 2015

André Martel - Le Poéteupôte

ParalloidrePar le paralloïdre des çorfes,
Bralançant les rétricences des tamériaux,
Les cimentectes ont babellisé les lapincags,
Les génieurs ont travelardé les honts,
septlieubotté les valles,
herculaugiacé les vafles ;
Les caméniciens ont gancémané des chimanes
à transfonter les tras,
à subondir les nars,
à picarifier les nieux.
Moi, j'ai fabré un dynoème,
Avec une blange
Et un yoncrai.
Mais mieuq les génieurs alointés,
pluq les cimentectes parsautés,
et odlà des caméniciens minorés,
j'ai empéri les télédins stelliges
et allélouï les espouffres micronaires,
Avec une blange
Et un yoncrai.
Et on a dit que les cimentectes étaient supers,
Que les génieurs étaient formis,
Que les caméniciens étaient fantas ;
Moi, on a dit que j'étais fada,
Avec une blange
Et un yoncrai.
Mais Zis, qui est un archicimentecte,
un génieurhyper, un
caménichanu, m'a dit :
" Cesonteuxquisondéfadas !
Toiseul m'a transpigé, Poète ;
et tu es mon Pôte, mon Poéteupôte,
Avec une blange
Et un yoncrai.

6 novembre 2015

Jules Renard - La cuisine

La-CuisineSeigneur, s’il est vrai que vous seul soyez grand,
ne réservez pas à ma vieillesse un château,
mais faites-moi la grâce de me garder,
comme dernier refuge,
cette cuisine avec sa marmite toujours en l’air,
avec la crémaillère aux dents diaboliques,
la lanterne d’écurie et le moulin à café,
le litre de pétrole, la boîte de chicorée extra et les allumettes de contrebande,
avec la lune en papier jaune qui bouche le trou du tuyau de poêle,
et les coquilles d’œufs dans la cendre,
et les chenets au front luisant, au nez aplati,
et le soufflet qui écarte ses jambes raides et dont le ventre fait de gros plis,
avec ce chien à droite et ce chat à gauche de la cheminée,
tous deux vivants peut-être,
et le fourneau d’où filent des étoiles de braise,
et la porte au coin rongé par les souris,
et la passoire grêlée, la bouillotte bavarde et le gril haut sur pattes comme un basset,
et le carreau cassé de l’unique fenêtre dont la vue se paierait cher à Paris,
et ces pavés de savon,
et cette chaise de paille honnêtement percée,
et ce balai inusable d’un côté,
et cette demi-douzaine de fers à repasser,
à genoux sur leur planche, par rang de taille,
comme des religieuses qui prient,
voilées de noir et les mains jointes.

13 septembre 2015

Jacques Brel - Ces gens-là

D'abord il y a l'aîné
Lui qui est comme un melon
Lui qui a un gros nez
Lui qui sait plus son nom
Monsieur tellement qui boit
Ou tellement qu'il a bu
Qui fait rien de ses dix doigts
Mais lui qui n'en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Et qui se prend pour le roi
Qui se saoule toutes les nuits
Avec du mauvais vin
Mais qu'on retrouve matin
Dans l'église qui roupille
Raide comme une saillie
Blanc comme un cierge de Pâques
Et puis qui balbutie
Et qui a l'oeœil qui divague
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne pense pas Monsieur
On ne pense pas on prie

Et puis, il y a l'autre
Des carottes dans les cheveux
Qu'a jamais vu un peigne
Qu'est méchant comme une teigne
Même qu'il donnerait sa chemise
A des pauvres gens heureux
Qui a marié la Denise
Une fille de la ville
Enfin d'une autre ville
Et que c'est pas fini
Qui fait ses petites affaires
Avec son petit chapeau
Avec son petit manteau
Avec sa petite auto
Qu'aimerait bien avoir l'air
Mais qui n'a pas l'air du tout
Faut pas jouer les riches
Quand on n'a pas le sou
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne vit pas Monsieur
On ne vit pas on triche

Et puis, il y a les autres
La mère qui ne dit rien
Ou bien n'importe quoi
Et du soir au matin
Sous sa belle gueule d'apôtre
Et dans son cadre en bois
Il y a la moustache du père
Qui est mort d'une glissade
Et qui recarde son troupeau
Bouffer la soupe froide
Et ça fait des grands flchss
Et ça fait des grands flchss
Et puis il y a la toute vieille
Qu'en finit pas de vibrer
Et qu'on attend qu'elle crève
Vu que c'est elle qu'a l'oseille
Et qu'on écoute même pas
Ce que ses pauvres mains racontent
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne cause pas Monsieur
On ne cause pas on compte

Et puis et puis
Et puis il y a Frida
Qui est belle comme un soleil
Et qui m'aime pareil
Que moi j'aime Frida
Même qu'on se dit souvent
Qu'on aura une maison
Avec des tas de fenêtres
Avec presque pas de murs
Et qu'on vivra dedans
Et qu'il fera bon y être
Et que si c'est pas sûr
C'est quand même peut-être
Parce que les autres veulent pas
Parce que les autres veulent pas
Les autres ils disent comme ça
Qu'elle est trop belle pour moi
Que je suis tout juste bon
A égorger les chats
J'ai jamais tué de chats
Ou alors y a longtemps
Ou bien j'ai oublié
Ou ils sentaient pas bon
Enfin ils ne veulent pas
Parfois quand on se voit
Semblant que c'est pas exprès
Avec ses yeux mouillants
Elle dit qu'elle partira
Elle dit qu'elle me suivra
Alors pour un instant
Pour un instant seulement Monsieur
Alors moi je la crois
Pour un instant Monsieur
Pour un instant seulement
Parce que chez ces gens-là
Monsieur on ne s'en va pas
On ne s'en va pas Monsieur
On ne s'en va pas
Mais il est tard Monsieur
Il faut que je rentre chez moi

Jacques_Brel

13 septembre 2015

Georges Brassens - La Mauvaise Réputation


Au village, sans prétention,
J´ai mauvaise réputation.
Qu´je m´démène ou qu´je reste coi
Je pass´ pour un je-ne-sais-quoi

Je ne fait pourtant de tort à personne
En suivant mon chemin de petit bonhomme.
Mais les brav´s gens n´aiment pas que
L´on suive une autre route qu´eux,
Non les brav´s gens n´aiment pas que
L´on suive une autre route qu´eux,
Tout le monde médit de moi,
Sauf les muets, ça va de soi.

Le jour du Quatorze Juillet
Je reste dans mon lit douillet.
La musique qui marche au pas,
Cela ne me regarde pas.

Je ne fais pourtant de tort à personne,
En n´écoutant pas le clairon qui sonne.
Mais les brav´s gens n´aiment pas que
L´on suive une autre route qu´eux,
Non les brav´s gens n´aiment pas que
L´on suive une autre route qu´eux,
Tout le monde me montre du doigt
Sauf les manchots, ça va de soi.

Quand j´croise un voleur malchanceux,
Poursuivi par un cul-terreux;
J´lance la patte et pourquoi le taire,
Le cul-terreux s´retrouv´ par terre

Je ne fais pourtant de tort à personne,
En laissant courir les voleurs de pommes.
Mais les brav´s gens n´aiment pas que
L´on suive une autre route qu´eux,
Non les brav´s gens n´aiment pas que
L´on suive une autre route qu´eux,
Tout le monde se rue sur moi,
Sauf les culs-de-jatte, ça va de soi.

Pas besoin d´être Jérémie,
Pour d´viner l´sort qui m´est promis,
S´ils trouv´nt une corde à leur goût,
Ils me la passeront au cou,

Je ne fais pourtant de tort à personne,
En suivant les ch´mins qui n´mènent pas à Rome,
Mais les brav´s gens n´aiment pas que
L´on suive une autre route qu´eux,
Non les brav´s gens n´aiment pas que
L´on suive une autre route qu´eux,
Tout l´mond´ viendra me voir pendu,
Sauf les aveugles, bien entendu.

Georges_Brassens

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13 septembre 2015

George Moustaki - Ma Liberté

Ma liberté, longtemps je t'ai gardée, comme une perle rare,
Ma liberté, c'est toi qui m'as aidé à larguer les amarres.
Pour aller n'importe où, pour aller jusqu'au bout des chemins de fortune,
Pour cueillir en rêvant une rose des vent sur un rayon de lune.

Ma liberté devant tes volontés mon âme était soumise,
Ma liberté je t'avais tout donné ma dernière chemise.
Et combien j'ai souffert pour pouvoir satisfaire tes moindres exigences,
J'ai changé de pays, j'ai perdu mes amis pour gagner ta confiance.

Ma liberté, tu as su désarmer toutes mes habitudes,
Ma liberté, toi qui m'as fait aimer même la solitude.
Toi qui m'as fait sourire quand je voyais finir une belle aventure,
Toi qui m'as protégé quand j'allais me cacher pour soigner mes blessures.

Ma liberté, pourtant je t'ai quittée une nuit de décembre,
J'ai déserté les chemins écartés que nous suivions ensemble.
Lorsque sans me méfier les pieds et poings liés je me suis laissé faire,
Et je t'ai trahie pour une prison d'amour et sa belle geôlière.

Georges_Moustaki

2 septembre 2015

Arthur Rimbaud - Voyelles

voyellesA noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges ;
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

30 août 2015

Le Parnassiculet contemporain - Panthéisme

Clair-obscurC’est le Milieu, la Fin et le Commencement,
Trois et pourtant Zéro, Néant et pourtant Nombre,
Obscur puisqu’il est clair et clair puisqu’il est sombre,
C’est Lui la Certitude et Lui l’Effarement.

Il nous dit Oui toujours, puis toujours se dément.
Oh ! qui dévoilera quel fil de Lune et d’Ombre
Unit la fange noire et le bleu firmament,
Et tout ce qui va naître avec tout ce qui sombre ?

Car Tout est tout ! Là-haut, dans l’Océan du Ciel,
Nagent parmi les flots d’or rouge et les désastres
Ces poissons phosphoreux que l’on nomme des Astres,

Pendant que dans le Ciel de la Mer, plus réel,
Plus palpable, ô Proteus ! mais plus couvert de voiles,
Le vague Zoophyte a des formes d’étoiles.

Photo de Yann G

29 août 2015

Victor Hugo - Voici que la saison décline

SeptembreVoici que la saison décline,
L'ombre grandit, l'azur décroît,
Le vent fraîchit sur la colline,
L'oiseau frissonne, l'herbe a froid.

Août contre septembre lutte ;
L'océan n'a plus d'alcyon ;
Chaque jour perd une minute,
Chaque aurore pleure un rayon.

La mouche, comme prise au piège,
Est immobile à mon plafond ;
Et comme un blanc flocon de neige,
Petit à petit, l'été fond.

28 août 2015

Francis Blanche - Vos nom, prénom…

NuageNe cherchez pas à lire mon nom sur mes papiers
J’ai lavé mes empreintes et j’ai perdu mon âge,
Appelez-moi fumée, appelez-moi nuage,
Laissez le reste en blanc sans rien me demander.

Je n’ai jamais volé que mes instants de chance,
Je n’ai jamais tué que le temps qui passait,
Mes poches sont percées, mais je garde en secret
Le coquillage bleu du fond de mon enfance.

Vous n’avez pas le droit de prendre mes bretelles
Ouvrez-moi cette porte, rendez-moi mes lacets !...
Je n’ai rien demandé, simplement je passais;
Si je n’ai pas de nom, c’est que nul ne m’appelle.

Je suis très bien ainsi, laissez-moi m’en aller,
Je ne mendiais pas, n’étais même pas ivre
Et s’il faut à tout prix mettre un nom sur vos livres
Appelez-moi nuage, appelez-moi fumée.

Photo de Romanceor

 

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